Statue de Sainte Majiliz (Baladeurs de l’estuaire)

Le site de Convenant Diuzet, routoirs et fontaine, a été remis en valeur en 2003 par l’association «Skol ar C’hleuzioù». La fontaine de Convenant Diuzet est encore appelée Feunteun Nevez, ce qui signifie qu’elle a été refaite, sans doute au 19e siècle, avec des pierres des champs très friables.

Dans le côté droit de la fontaine était incorporée une curieuse pierre en forme de sablier comportant à chaque angle apparent des têtes sculptées. On peut nettement lire la date de 1787 sur sa façade. Sans doute est-ce le tronc d’offrande de la chapelle Saint Maudez proche du site mais aujourd’hui disparue.

Cette fontaine comporte cinq niches occupées jadis par des statues. Quatre ont été volées. Seule , celle de Sainte Majiliz ou Margélie est présente en 2003. Elle est précieusement mise à l’abri par les voisins pendant quelques années avant de rejoindre la salle de la mairie. Elle sort d’exil pour rejoindre l’église vers 2010.

L’eau de cette fontaine passait pour avoir des vertus curatives. On y envoyait les jeunes mères dont l’enfant tardait à marcher. Jean Luc Coadic du village voisin de Convenant Diuzet se souvient de voir vers 1960, des jeunes parents sur le site, accompagnant des enfants en poussette . En 2022, l’association patrimoine « Glad war dro Hengoad » décide de remettre la statue dans sa fontaine d’origine. Ce travail est confié à David Puech. La statue est en pierre polychrome à dominance bleue. Sainte Margélie, Santez Majiliz en breton , est très peu connue. Il n’existe ni chapelle, ni statue, ni fontaine ailleurs en Bretagne. Le Perrosien bretonnant Gireg Konan, géologue, professeur de sciences en anglais, passionné d’histoire et de patrimoine a fait des recherches sur Santez Majiliz, suite au retour de la statue dans la fontaine.

 Paulette Le Roux, présidente de l’association patrimoineGlad war dro Hengoad, autrice de « Hengoat part’âges » paru en 2023

Ci-dessous des extraits de son article traduit du texte écrit en breton par Gireg Konan dans le Trégor du 17 novembre 2022, sur la statue et l’origine de son nom :

« Qu’il est beau, ce prénom Majiliz, prénom que pourrait même porter une petite fille de nos jours. D’où vient cette petite sainte? Il est difficile de le savoir, car elle n’est honorée qu’en un seul lieu en Bretagne: à Hengoat, à la fontaine de Convenant Diuzet, où il y a deux grands routoirs. Entre les 2 routoirs, si vous y allez, vous verrez une sorte de talus-mur en pierre et terre, moitié pont, moitié talus. Au bout de ce pont talus, un peu plus haut, à côté du grand talus qui retient la terre du champ au-dessus, se trouve la fontaine de Santez Majiliz. Au milieu du mur du fond de la fontaine, se trouve le socle de la petite statue de la sainte.
C’est une vieille statue, semblable aux statues de Paule, à côté de Carhaix, ou de Trémuson (revue Ar Men de juillet août 2022, page 46-51), mais peut-être un peu plus jeune quand même. On peut penser qu’elle est peut-être quelques siècles plus jeune, du 5 ou 6 siècle. Cela est possible. Mais une chose est sûre: elle n’est pas postérieure à l’an 1000. Elle est de couleur bleue, le visage est rouge. Ce qui fait penser que c’est une statue réemployée.
Qui était Majiliz? Quel est ce nom? Sa vie a-t-elle été écrite quelque part en breton ? Je n’ai rien trouvé. Existe-t-il une légende ? Je n’ai rien trouvé non plus, ou bien, personne ne s’en souvient ni à Pouldouran, ni à Hengoat. En breton, on dit bien Majiliz, mais, en français, c’est «Margélie».

 Gireg Konan, auteur de « Eostad » (mots et expressions bretonnes collectés pendant 40 ans auprès des locuteurs brittophones ainsi que ceux tirés des carnets de son père Jakez Konan)

Paulette Le roux

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